Anxiété préopératoire : une infirmière anesthésiste mène une recherche sur l’efficacité de la RESC
À quelques années de la retraite, Chantal Charrion, infirmière en chirurgie cardiaque à l’Hôpital Louis Pradel depuis 25 ans, se lance dans sa toute première investigation paramédicale, inspirée par la médecine orientale, et remporte l’appel à projets Recherche paramédicale 2025 des HCL. Son projet : évaluer l’efficacité de la résonance sous-cutanée (RESC) sur l’anxiété préopératoire et la douleur postopératoire des patients en chirurgie cardiaque.
Chantal Charrion n’en est pas à son premier défi. De l’humanitaire dans les camps de réfugiés khmers en Asie du Sud-Est à une carrière technique dans divers services de pointe, elle a consacré les vingt-cinq dernières années à la chirurgie cardiaque à l’hôpital Louis Pradel. Au fil du temps, elle a observé l’impact de l’anxiété des patients, souvent exprimée par la peur de mourir, de souffrir ou d’affronter un avenir incertain. Cette prise de conscience l’a conduite à s’intéresser à une approche globale de la prise en charge. Diplômée en prise en charge de la douleur et formée à l’hypnoanalgésie adulte et pédiatrique, elle découvre ensuite la RESC, développée par Patrick Fouchier, kinésithérapeute et acupuncteur. Inspirée par la médecine traditionnelle chinoise et les principes de transmission des ondes acoustiques dans les liquides corporels, cette technique repose sur une écoute tactile entre deux points du corps situés sur les méridiens, apaisant ainsi stress et anxiété.
« Avec la disparition de la prémédication avant chirurgie, les patients les plus anxieux vivent dans l’inconfort ce moment préparatoire, or, l’anxiété et le stress auront un impact sur la phase postopératoire, occasionnant un risque accru de douleurs et de complications », explique-t-elle. Sa recherche vise ainsi à offrir une alternative non médicamenteuse pour améliorer le confort et le rétablissement des patients.
Une vision ouverte et métissée
Le projet prévoit de faire appel à des évaluations physiologiques et cliniques du stress. Une première aux HCL. L’étude vise à comprendre comment la RESC module le système nerveux autonome, sympathique et parasympathique, via l’analyse spectrale de l’électrocardiogramme. Deux outils seront utilisés. L’ANI (index d’analgésie nociception), appareil non invasif, mesure en continu la douleur et le confort des patients sous anesthésie. Chez les patients éveillés, il évalue le tonus parasympathique, indicateur du stress, en collectant les données de variabilité cardiaque directement depuis le scope. Un second dispositif, la conductance cutanée, mesurera l’activité des glandes sudoripares, activées en cas de stress. Côté clinique, deux échelles d’autoévaluation de référence seront employées : l’EVA (0 à 10) et le questionnaire STAI-E (Spielberger, 1980). Les patients présentant un score élevé d’anxiété seront randomisés et accueillis 25 minutes avant leur passage au bloc pour l’étude.
Il est prévu d’inclure 62 patients sur quinze mois. La première inclusion devrait débuter en mai 2025. Chantal Charrion est soutenue dans son projet par Julia Canterini, méthodologiste, Matthias Jacquet-Lagreze, médecin anesthésiste et Camille Amaz, biostatisticienne du Centre de recherche clinique du GHE, ainsi que par Patrick Fouchier et la Dr Isabelle Colombet de l’École de la RESC « Une aide indispensable, très riche intellectuellement, en qui j’ai pleinement confiance », commente, reconnaissante, la soignante. Ce projet est à l’image de sa vie professionnelle débutée en Asie et qui s’achèvera avec cette étude qui espère démontrer toute la pertinence à concilier la médecine occidentale avec un soin inspiré de la médecine orientale. Une nouvelle voie vers la santé intégrative.
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