BIOQUALIM : de la biodiversité cultivée à la prévention de la santé humaine en région lyonnaise

Aujourd’hui, dans les pays occidentaux, l’un des enjeux nutritionnels majeurs consiste en la réduction de la part de protéines animales dans l’assiette quotidienne, associée à l’augmentation de la part de protéines végétales. Ce défi nutritionnel traduit un véritable défi environnemental : les protéines végétales sont en effet bien moins coûteuses au niveau environnemental (1). Celles-ci sont principalement apportées par les céréales et les légumineuses, dont une grande diversité est nécessaire pour couvrir les apports journaliers recommandés en acides aminés. Or, du fait de l’effondrement de la diversité des semences cultivées (perte de 75% en 100 ans, FAO) (2), l’offre en céréales et légumineuses s’en trouve réduite. Ainsi, en région lyonnaise, la diversité de ces dernières est faible, notamment au regard des besoins de la restauration collective.

Par ailleurs, des études de santé publique montrent un déficit chronique en micronutriments (minéraux/oligo-éléments, vitamines, anti-oxydants), ainsi qu’en fibres, dans l’alimentation de la population française ces dernières années (3). Ceci est notamment dû à l’appauvrissement de la qualité nutritionnelle des fruits, légumes, céréales, légumineuses consommés (4). L’alimentation jouant un rôle majeur en prévention primaire des maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers) (5), il apparait essentiel de renforcer les apports nutritifs variés et de qualité.

Le projet BIOQUALIM

Afin de répondre à ces enjeux multiples, un projet transdisciplinaire a été mis en place en région lyonnaise depuis 2020 autour de variétés de céréales et légumineuses. Il réunit des chercheurs spécialisés en santé publique, en psycho-social, en odontologie, en géographie de la santé, en mécanique des contacts et des structures, en ingénierie des matériaux polymères au côté de patient et proche aidant partenaires, de paysans-boulangers, d’un laboratoire de semences et d’ingénieurs en agronomie.

L’objectif de BIOQUALIM est d’étudier, selon une approche holistique :

• le potentiel agronomique de ces variétés de céréales et de légumineuses (vis-à-vis de l’adaptation aux dérèglements climatiques et aux microclimats de la région lyonnaise) en caractérisant leurs propriétés et qualités nutritionnelles
• les comportements, connaissances et habitudes de consommation d'aliments d'origine végétale dans une population générale
• l’effet d'une alimentation enrichie en protéines végétales sur le microbiote interdentaire dans une population générale
• l’impact d'une série d'ateliers culinaires à dominante végétale, saine et durable en pair aidance sur l'intention de changement comportemental et la qualité de vie alimentaire des patient.es en post-thérapeutique d’un cancer

Les Hospices Civils de Lyon sont impliqués dans 3 activités du projet, par la participation d’Audrey Ringot, cheffe de projet coordination en cancérologie :

• WP2 : « Enquête des habitudes alimentaires autour des céréales/légumineuses et des connaissances sur la diversité des sources de protéines végétales, avec un focus sur les disparités socio-spatiales ». Recherche RNIPH prospective par questionnaires, 3 cohortes (professionnels HCL, patients HCL et clients paysans-boulangers). (HCL Investigateur principal)
• WP3 : « Etude avant/après de l’Impact de l’apport de petit épeautre dans le régime alimentaire sur des bactéries parodontopathogènes du microbiote interdentaire dans une population saine » (HCL Responsable scientifique)
• WP4 : « Evaluation des bénéfices santé pour les patients, atteints d'un cancer post-traitement, à participer à des ateliers culinaires en pair-aidance : étude qualitative monocentrique prospective ». Recherche RNIPH, qualitative par entretiens semi-structurés. (HCL Investigateur principal)

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Références :

(1) Axelos M, Soler LG, Dallongeville A, Thomas A, Akemann G, et al. Réflexion prospective pluridisciplinaire Nexus Santé : entre Agriculture -Alimentation - Environnement Rapport de synthèse [Internet]. 2019 [cité 14 mars 2023]. Disponiblehttps://hal.inrae.fr/hal-02864749v1

(2) Plant Production and Protection Division. Biodiversity for food and agriculture. Contributing to food security and sustainability in a changing world.: Outcomes of an Expert Workshop held by FAO and the Platform on Agrobiodiversity Research from 14–16 April 2010 in Rome, Italy [Internet]. Rome, Italy: FAO/ Platform for Agrobiodiversity Research; 2011 [cité 14 mars 2023]. 78 p. Disponible sur : https://www.fao.org/publications/card/fr/c/ac9b2efb-10c2-525b-b2de-d72c2afc5b6a 

(3) SPF. Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (Esteban 2014-2016) : Chapitre Consommations alimentaires : Volet Nutrition. Chapitre Consommations alimentaires [Internet]. [cité 14 mars 2023]. Disponible sur:  https://www.fao.org/publications/card/fr/c/ac9b2efb-10c2-525b-b2de-d72c2afc5b6a 

(4) Thomas D. A study on the mineral depletion of the foods available to us as a nation over the period 1940 to 1991. Nutr Health. 2003;17(2):85 115.

(5) Baudry J, Assmann KE, Touvier M, Allès B, Seconda L, Latino-Martel P, et al. Association of Frequency of Organic Food Consumption With Cancer Risk. JAMA Intern Med. déc 2018;178(12):1597 606.