Lutte contre la dégénérescence maculaire liée à l'âge : vers une nouvelle piste thérapeutique grâce à la maladie de Parkinson ?

Des recherches prometteuses menées par une équipe collaborative de l'Institut de la Vision à Paris, de l'Université et les Hospices Civils de Lyon, de l'Université de Bourgogne et de l'Institut du Cerveau et de la Moëlle à Paris ouvrent la voie à un traitement innovant pour la forme néovasculaire de la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), principale cause de perte de vision chez les plus de 50 ans en France. En effet, leurs travaux, publiés dans la revue The Journal of Clinical Investigation, suggèrent que les médicaments dopaminergiques, utilisés pour traiter la maladie de Parkinson, pourraient également avoir un effet protecteur contre cette forme de DMLA.

Un lien inattendu entre Parkinson et DMLA

La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), principale cause de perte de vision en France, représente un défi majeur pour la santé publique. Si la forme sèche de la maladie ne dispose actuellement d'aucun traitement curatif, la forme néovasculaire, caractérisée par la croissance anormale de vaisseaux sanguins dans l'œil, peut être ralentie par des injections intravitréennes régulières de médicaments. Cependant, ces injections, bien que nécessaires, représentent un fardeau thérapeutique important pour les patients.

Des études épidémiologiques antérieures avaient déjà mis en évidence une association possible entre la maladie de Parkinson et un risque réduit de DMLA néovasculaire. Cette nouvelle étude explore les mécanismes sous-jacents à cette protection potentielle.

Les chercheurs ont d'abord utilisé des modèles cellulaires et animaux pour démontrer que la L-DOPA, le traitement standard de la maladie de Parkinson, active un récepteur spécifique du cerveau, le DRD2. Cette activation du DRD2 inhibe la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans l'œil, un processus clé dans le développement de la DMLA néovasculaire.

Des résultats confirmés chez les patients

Fort de ces résultats prometteurs, l'équipe a analysé les données de santé de plus de 200 000 patients atteints de DMLA néovasculaire en France. Ils ont découvert que les patients prenant de la L-DOPA ou des agonistes DRD2 pour traiter leur maladie de Parkinson développaient la DMLA néovasculaire plus tard dans leur vie et nécessitaient moins d'injections intravitréennes d'anti-VEGF.

« Ces résultats ouvrent des perspectives inédites pour les patients atteints de DMLA. Nous avons maintenant une piste sérieuse pour retarder l'évolution de cette maladie et réduire le fardeau des traitements actuels » a déclaré Florian Sennlaub, directeur de recherche à l’Institut de la Vision.

Vers de nouvelles options thérapeutiques ?

Thibaud Mathis, Praticien Hospitalier Universitaire dans le Service d'Ophtalmologie de l'Hôpital de la Croix-Rousse, Hospices Civils de Lyon abonde dans le même sens : « ces résultats suggèrent que les médicaments dopaminergiques, au-delà de leur rôle dans la maladie de Parkinson, pourraient avoir un effet bénéfique dans la prévention et le traitement de la DMLA néovasculaire. »

Même si des études cliniques plus approfondies seront nécessaires pour confirmer ces résultats et évaluer l'efficacité et la sécurité de ces médicaments dans le traitement de la DMLA, cette découverte ouvre de nouvelles perspectives encourageantes pour la lutte contre la DMLA néovasculaire et offre l'espoir d'un traitement plus efficace et moins contraignant pour les patients.

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