Lumière sur la recherche sur l’obésité aux HCL

La recherche sur l’obésité est actuellement en pleine évolution : entre redéfinition de l'obésité, avancées médicales et innovations thérapeutiques, la science progresse pour mieux comprendre et traiter cette pathologie complexe. A l’occasion de la journée mondiale de l’obésité, découvrez la contribution des équipes des Hospices Civils de Lyon à la recherche et à l'amélioration de la prise en charge des patients.

Une nouvelle définition de l’obésité

La définition de l'obésité, qui était jusqu’à présent basée sur l’Indice de Masse Corporelle (IMC, rapport entre le poids et la taille) a été récemment revue afin de mieux refléter la complexité de cette maladie et s’éloigner d’une vision stigmatisante uniquement basée sur le poids. Le Pr Martine Laville (Professeur émérite de l’université Lyon 1), clinicienne et chercheuse des Hospices Civils de Lyon de renommée internationale, a représenté la recherche lyonnaise au sein de la Commission du Lancet en charge de l’évolution de la définition. Ainsi l'obésité clinique est à présent définie comme un état pathologique, basé sur un diagnostic objectif allant au-delà de l’IMC. Cette nouvelle définition de l'obésité ouvre la voie à de nouveaux projets de recherche pour mieux comprendre les mécanismes de l’obésité, en évaluer les traitements et développer des stratégies de prise en charge plus adaptées. 

Une expertise lyonnaise forte

À Lyon, la recherche sur l'obésité s'appuie sur un écosystème scientifique d’exception, alliant centres de pointe, collaborations multidisciplinaires et infrastructures de haut niveau pour accélérer les découvertes et améliorer la prise en charge de cette maladie complexe.
La recherche aux HCL est structurée sous forme d’axes médicaux et l’un de ces axes forts concerne la nutrition, le métabolisme et le cardiovasculaire. Au sein de cet axe, les équipes sont fédérées pour adresser collectivement des questions de recherche, dont celles en lien avec l’obésité. 
Le Centre Intégré de l’Obésité (CIO) des Hospices Civils de Lyon est une structure qui vise à décloisonner la recherche et le soin. Il existe 37 centres spécialisés en France, issu du plan national obésité. Le CIO des HCL regroupe des structures médicales, psychiatriques et chirurgicales des HCL avec pour mission d'améliorer la prise en charge pluridisciplinaire et la connaissance autour de l'obésité de l'adulte et de l'enfant. Le CIO prend en charge 1 500 nouveaux patients par an.
Le Centre de Recherche en Nutrition Humaine Rhône-Alpes, est une structure multi-tutelles (HCL, Université Lyon 1, INSERM et INRAE) dédiée à l’étude de la nutrition et de ses impacts sur la santé, notamment dans le domaine de l’obésité. Cette structure est coordonnée par le Dr Anne-Laure Castell, rattachée au service d’endocrinologie, Diabète et Nutrition de l’hôpital Lyon Sud. En associant expertise clinique, recherche fondamentale et innovation, le CRNH-RA favorise le développement de nouvelles stratégies de prévention et de traitement. 
Les équipes des HCL s’appuient pour leurs travaux de recherche sur l’UMR U1060, CarMeN, qui est un laboratoire biomédical entièrement dédié à la recherche dans le domaine des maladies cardiovasculaires, du métabolisme, du diabète et de la nutrition. 
Le réseau FORCE, labellisé par l’infrastructure nationale F-CRIN, et localisé aux HCL, coordonne la recherche clinique française sur le thème de l’obésité . Ce réseau national de recherche est conjointement coordonné par les Prs Sébastien Czernichow (AP-HP)  et Emmanuel Disse (Chef du service Endocrinologie, Diabète et Nutrition des HCL). Le CIO des HCL est partie intégrante de ce réseau tout comme les autres centres spécialisés en obésité sur le territoire français. Avec 29 projets de recherche en cours et plus de 950 patients inclus dans les essais cliniques, le réseau FORCE joue un rôle clé dans le développement des collaborations nationales et internationales pour le site lyonnais. 

Les nouveaux médicaments anti-obésité : une (r)évolution ?

Ces 5 dernières années, une nouvelle classe thérapeutique majeure, les agonistes du récepteur au GLP-1 est apparue et a démontré son efficacité pour la gestion du poids, le contrôle glycémique et la protection cardio-vasculaire. L’émergence de cette nouvelle voie thérapeutique dans l’obésité s’accompagne de nombreuses questions: A qui proposer ces nouvelles molécules ? selon quel algorithme ? qui sont les bons répondeurs ? comment expliquer l’hétérogénéité de la réponse pondérale ? Ce sont ces questions qui intéressent les équipes lyonnaises, en vue de développer une médecine de précision pour l’obésité. 
Les équipes cliniques des HCL se saisissent donc des opportunités pour accéder à ces nouvelles molécules pour le bénéfice des patients. Depuis 2022, plus de 700 patients des Hospices Civils de Lyon ont pu avoir accès au sémaglutide (Wegovy®), traitement pharmacologique d l’obésité, dans le cadre de son accès précoce en lien avec l’industriel Novo Nordisk .
Dans ce contexte, le Pr Emmanuel Disse, en sa qualité de coordinateur du réseau FORCE, a été à l’initiative d’une étude nationale nommée SEMASEARCH, dont la promotion est réalisée par les HCL. Cette étude rétrospective sur 1000 patients a pour objectif d’évaluer l’efficacité du sémaglutide prescrit dans le cadre de l’accès précoce sur des sous-populations d’intérêt (obésités rares, chirurgie bariatrique …)  
Les équipes des HCL sont identifiées comme équipes de premier plan dans la recherche clinique sur les nouveaux traitements de l’obésité, et participent à plusieurs études : 

  • L’étude SEMADIALYSE (PHRC) qui vise à évaluer l’efficacité et la sécurité du Sémaglutide (WEGOVY) sur les patients dialysés en situation d’obésité
  • L’étude OBPSYWE (PHRC) qui évalue l’efficacité du Sémaglutide (WEGOVY) dans la prévention de la prise de poids induite par les traitements antipsychotiques de deuxième génération 
  • L’étude EMANATE du laboratoire RHYTHM qui teste une molécule spécifique pour certaines obésités rares notamment les celles causées par des craniopharyngiomes, prises en charge dans le service d’endocrinologie, de diabétologie et des maladies métaboliques des HCL
  • Et plusieurs études industrielles de phase 3, testant les médicaments de l’obésité de demain (doubles et triples agonistes hormonaux)

Les recherches sur la chirurgie bariatrique

La chirurgie bariatrique reste un traitement de choix en seconde intention, qui a montré une efficacité sur le long terme pour l’instant inégalée (étude SOS study). Le site lyonnais est également très actif sur cette thématique de recherche. Le Pr Maud Robert, du service de chirurgie digestive des HCL, œuvre à évaluer l’efficacité et la sécurité des nouvelles techniques de chirurgie bariatrique : cette recherche HCL a permis la publication de 2 articles dans The Lancet (2018 et 2024). 
Au-delà des questions d’efficacité et de sécurité, les équipes s’intéressent également à d’autres champs de recherche encore peu explorés tels que l’impact de la chirurgie sur le comportement et les préférences alimentaires ou encore les liens entre chirurgie bariatrique et grossesse. 
L’étude BARIA-GUT-TASTE (financée par l’ANR), portée par le Dr Julie Anne Nazare (Université Lyon 1, laboratoire CarMeN/ CRNH), avec comme investigateur le Dr Bérénice Segrestin (Responsable médicale du CIO des HCL, Service d'Endocrinologie-Diabète-Nutrition de l’hôpital Lyon Sud) a notamment pour objectif d’évaluer l’effet d’un régime visant à enrichir le microbiote dans la première année après chirurgie bariatrique, afin d’améliorer l’efficacité et la tolérance de la chirurgie.
Les liens entre chirurgie bariatrique et grossesse sont quant à eux étudiés dans l’étude NUMASURG, portée par le Dr Bérénice Segrestin et financée par l’INSERM dans le cadre du programme MESSIDORE. Il a été montré que les enfants après chirurgie bariatrique naissaient avec un plus petit poids. L’étude NUMASURG a pour ambition d’identifier les déterminants expliquant ces différences de poids en étudiant les liens entre le statut nutritionnel des femmes enceintes après chirurgie bariatrique et les issues des grossesses. L’objectif est d’optimiser la qualité du suivi nutritionnel des femmes enceintes après chirurgie. 

Du curatif au préventif : le projet Passe-Passe

La recherche sur l’obésité doit prendre le virage du préventif pour agir avant que la maladie ne s’installe. Dans ce cadre, le projet Passe-Passe a comme ambition de lutter contre les principaux déterminants du surpoids et de l’obésité chez les enfants des quartiers défavorisés de Lyon, en associant les habitants et tous les partenaires institutionnels dans la mise en œuvre des solutions. Ce projet est financé par les mutuelles Axa et réunit une dizaine de partenaires dont la métropole de Lyon.

Pour en savoir plus, consultez l'actualité Projet Passe-passe : prévenir l'obésité infantile à Lyon.

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