Julie Haesebaert : Pour une recherche participative, du laboratoire au terrain
La complexité ne lui fait pas peur. D’ailleurs, elle rappelle volontiers la définition de la santé que donne l’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » Soit la promesse, pour la professeure Julie Haesebaert, cheffe du service recherche et épidémiologie cliniques aux HCL, enseignante à la faculté de médecine Lyon Est et chercheuse au laboratoire Reshape (Inserm, université Lyon 1), d’un vaste champ d’investigations à explorer, allant de la prévention à l’organisation des soins.
Cet intérêt pour la recherche l’a menée vers la voie de la santé publique. « J’aime développer sur le terrain ce que nous théorisons en laboratoire. » Autre spécificité dans sa spécialité particulièrement riche d’enseignements : les projets y sont pluridisciplinaires, mobilisant des scientifiques de tous horizons, cliniciens, infirmiers, sociologues, psychologues, etc., et aussi des patients, membres à part entière des équipes de recherche.
Sa thèse de sciences, soutenue en 2017, a porté sur une expérimentation d’ampleur pour prévenir les risques d’AVC (accident vasculaire cérébral, NDRL) dans la population générale. « Quand on ressent des douleurs thoraciques, on appelle tout de suite le 15. En cas d’AVC, les premiers symptômes ne sont pas toujours pris au sérieux ni même bien identifiés. Or, une prise en charge tardive diminue les chances de récupération. En concertation avec les médecins des urgences, les neurologues et les patients, nous avons monté une campagne d’information dans le Rhône, avec de l’affichage urbain, un événement place de la République à Lyon, une conférence de presse à l’occasion de la journée mondiale de l’AVC. À la suite de ces actions, les appels au 15 pour cause d’AVC ont augmenté, démontrant l’efficacité de l’intervention. »
Changer à l’échelle d’une population les parcours de santé individuels
Ses interventions, en prise directe avec les personnes concernées, peuvent se traduire par la création de supports d’information pour les patients, de formations pour les soignants, de fichiers d’accès au soin, d’applications numériques… Ainsi, toute expérimentation intègre le patient dès sa conception et se fonde sur les preuves du service rendu à ce dernier. « Récemment, nous, chercheurs et patients, avons créé un nouveau programme pour accompagner le retour à domicile des patients après un AVC . Les enjeux sont nombreux à cette étape du parcours et les études ont démontré qu’un suivi post-hospitalier améliore le rétablissement. Cette activité est assurée par un professionnel de santé qui a construit un site internet de ressources avec les patients, les aidants et les professionnels. S’il s’avère que cette expérimentation atteint ses objectifs, nous la soumettrons à l’Agence régionale de santé (ARS, NDLR) pour la péréniser. »