Syndrome du choc toxique lié aux règles
Des chercheurs du Centre International de recherche en infectiologie et du Centre National de référence des staphylocoques, ont identifié plusieurs facteurs de risque. Ils montrent notamment que le port de tampon pendant plus de six heures ou au cours de la nuit est associé à un risque plus élevé de syndrome de choc toxique.
Cette étude menée auprès de 180 femmes, publiée dans eClinicalMedecine le 10 mars 2020, devra faire l’objet de confirmation auprès d’une population plus large et demande à être complétée par des analyses de toxicité qui seraient les seules à pouvoir prouver un lien de cause à effet. En attendant, les chercheurs recommandent de renforcer les messages de prévention liés au mésusage des tampons.
Le centre national de référence des staphylocoques des Hospices Civils de Lyon alerte sur ce syndrome aigu, potentiellement mortel, qui peut toucher certaines femmes utilisant des dispositifs vaginaux pendant leurs règles.
Les symptomes qui doivent alerter toute femme :
- Fièvre soudaine (38,9°C ou plus)
- Vomissements
- Sensation de malaise avec céphalée
- Diarrhée
- Éruption cutanée ressemblant à un coup de soleil
Il faut alors enlever le dispositif vaginal et consulter en urgence.
Le syndrome du choc toxique (SCT) reste rare mais son augmentation inquiète les scientifiques car ils ne trouvent pas d’explication.
Les bactéries présentes à l’état normal sur la peau ou les muqueuses de l’être humain jouent un rôle très important pour la santé par leur capacité à prévenir les infections par d’autres bactéries pathogènes.
Staphylococcus aureus est une bactérie qui fait partie de la flore normale humaine mais qui peut également devenir une des principales causes d’infection. La virulence de cette bactérie est liée à la production de substances telles que la toxine du choc toxique staphylococcique (TSST-1). Le choc toxique staphylococcique est une maladie aigue grave pouvant survenir au cours des règles lors d’utilisation de dispositifs vaginaux (tampons, coupes menstruelles) chez des patientes souvent jeunes, en bonne santé et porteuses de la bactérie S. aureus productrice de TSST-1 au niveau vaginal. Toutes les patientes porteuses de Staphylococcus aureus produisant TSST-1 ne développent pas un choc toxique. Ceci suggère que d’autres facteurs interviennent.
Selon le professeur Gérard Lina, microbiologiste spécialiste de ce syndrome, « 20 à 30 % de femmes sont porteuses du staphylocoque doré. Si le fluide menstruel est bloqué dans le vagin par un tampon, la bactérie va l’utiliser comme milieu de culture et se développer. Elle va libérer une toxine extrêmement dangereuse et déclencher une infection généralisée dont on peut mourir si elle n’est pas prise en charge correctement ».
Les Centres Nationaux de Référence (CNR) sont des laboratoires experts dans la microbiologie des maladies infectieuses. Le Centre de Biologie Nord - Institut des Agents Infectieux - a été désigné Centre Nationale de référence des Staphylocoques. Il est chargé, en liaison étroite avec l'Institut National de Veille Sanitaire (InVS), de contribuer au diagnostic et à la surveillance épidémiologique des infections humaines causées par les staphylocoques.
Le CNR des staphylocoques est l'investigateur du Projet intitulé "Impact du microbiote vaginal sur le développement du choc toxique staphylococcique menstruel". Une collecte de tampons a été réalisée en octobre 2016 par le Pr Gérard Lina afin que la recherche puisse travailler sur un nombre important d'échantillons bactériens. Près de 6000 demandes de kit ont été enregistrées.